Entre intox et réalité : les vrais chiffres sur le projet de réforme des retraites
Entre intox et réalité :
Comment vous y retrouver sur l’actuel
projet de réforme des retraites
Quelques données en vrac :
o 70%
des Français ne souhaitent pas travailler plus longtemps
o seulement
53,8 % des personnes entre 55 et 64 ans étaient en emploi en 2020
o 32
% des personnes nées en 1950 étaient au chômage l’année précédant leur retraite
o 1509
euros bruts mensuels : c’est le montant en moyenne des pensions des
retraités en France
o 13
ans d’espérance de vie en moins chez les 5% les plus pauvres
Petit quizz
pour vous réveiller :
Qui a
dit : « Quand on vit dans une région qui est en difficulté
industrielle, quand on est soi-même en difficulté, quand on a une carrière
fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans… Vous ne savez déjà plus
comment faire après 55 ans [..]. C’est ça la réalité, c’est ça d’abord le
combat qu’on mène. On doit d’abord gagner ce combat avant d’aller expliquer aux
gens : mes bons amis, travaillez plus longtemps. » ?
Est-ce Philippe
Martinez, leader de la CGT ?
Frédéric
Souillot de FO ?
Laurent Berger, de la CFDT ?
Perdu ! C’est le Président
Macron lors de sa conférence de presse à l’Elysée le 25 avril 2019 après les
semaines du « Grand Débat » ! Pour faire passer sa réforme à points,
il s’était alors livré à une attaque en règle contre les mesures qu’il entend
désormais mettre lui-même en œuvre. Cherchez l’erreur…
Les vœux du Président de la
République ont donc un goût amer avec le lancement de sa réforme des
retraites. Et si vous avez aimé la première version du projet abandonné en 2020
sur le système de retraites à points, vous allez adorer la nouvelle mouture :
·
recul de
l’âge légal de départ de 62 à 64 ans : 43 années de cotisations au lieu de
41 actuellement,
·
mise en place de la réforme à vitesse
supersonique applicable dès septembre 2023 à raison de 3 trimestres
supplémentaires de travail par an pour ceux nés à partir de 1961. Sont déjà
concernés celles et ceux qui étaient à quelques semestres du départ (merci pour
eux… !). Les 64 ans complets nécessaires pour partir sans décote seront ainsi atteints
dès 2027, alors qu’il était programmé initialement que cette durée ne soit
atteinte qu’en 2035. Jamais une réforme sur les retraites n’aura été aussi
rapide et brutale dans son application !
·
glissement de l’âge minimum de départ pour les
carrières longues qui ont commencé à travailler entre 18 et 20 ans,
c’est-à-dire la tranche la plus concernée : on passera de 60 ans
aujourd’hui à un départ reculé à 62 ans. C’est la double peine : vous avez
commencé tôt mais vous travaillerez encore plus longtemps ! Et
l’engagement de Macron de prendre en compte les carrières longues est ainsi
piétiné.
La « faillite » du
système de retraite annoncée par le gouvernement :
Notre système de retraite par
répartition est un système solidaire à la mesure de ce qu’on gagne, qui
transfère les cotisations des générations en activité vers les générations en
retraite, et qui permet aussi aux personnes en difficultés (chômeurs,
handicapés, faibles revenus, femmes en congés maternité etc.) d’acquérir des
droits à la retraite.
Chaque année le conseil d’orientation
des retraites (COR), constitué par les partenaires sociaux, publie un rapport objectif
et critique sur la situation du système de retraites. Le dernier rapport qui
date de septembre 2022 dit ceci (désolé pour les nombreux chiffres) :
·
Le coût de notre système de retraite s’élève à
350 milliards par an. Le COR prévoit à partir de 2023 et pendant 20 ans un
déficit marginal annuel variant de 3 à 12 milliards selon les années, autrement
dit moins de 2% du total en moyenne. Malgré ce léger déficit, le COR estime que
le budget global du système reste maîtrisé. Par conséquent, rien ne sert de
noircir les perspectives financières comme le fait le gouvernement pour passer
en force.
·
Le retour à l’équilibre du système avait déjà
été quasiment atteint en 2018, avant que la crise du Covid ne grève les comptes
de manière temporaire. Le COR prévoit un retour à l’équilibre budgétaire à
partir de 2040 sans nouvelle réforme et malgré l’évolution
démographique !
Bien qu’il n’y
aura plus que 1,3 actif pour 1 retraité en 2070, contre 2 actifs pour 1
retraité au début des années 2000, le COR a mesuré que les effets des réformes
de retraites précédentes suffiront amplement pour assurer l’équilibre.
Pourquoi cette présentation
alarmiste du gouvernement sur notre système de retraite actuel pour
justifier une réforme aux forceps ?
Tout simplement
pour faire une économie immédiate que le gouvernement estime autour de 6
milliards par an d’ici 2027. Ces « économies » serviront à la fois à
payer le coût de la crise sanitaire (le fameux « quoi qu’il en
coûte ») et accessoirement à financer la revalorisation annoncée des
« petites retraites » à 1200€, à la condition expresse d’avoir cotisé
43 annuités pleines !
C’est aussi et
surtout pour le gouvernement la possibilité d’obtenir des taux d’emprunts plus
faibles sur les marchés financiers, puisque l’Union Européenne, les agences de
notation privées et les banques attribueront une bonne note au bon élève que
sera devenu la France (et qui dit bonne note dit meilleur taux). Cela encouragera
l’Etat à continuer à emprunter à des taux préférentiels et ainsi à creuser un
nouveau déficit qui dans quelques années justifiera une réforme des retraites qui
sera présentée comme « nécessaire et urgente ». Cette future réforme nous
amènera cette fois-ci à un âge de départ minimum de 67 ans voire 70 ans…
Pour faire
court, l’allongement de l’âge de départ à la retraite, c’est-à-dire le fruit du
travail des salariés, finance la mauvaise gestion budgétaire et les déficits de
l’Etat, et ce n’est pas un hasard si le gouvernement veut supprimer les régimes
spéciaux pour faire main basse sur leurs réserves financières.
Les Français ont certes gagné environ
15 ans d’espérance de vie depuis 1950 : les femmes nées en 2021 ont une
espérance de vie de 85 ans contre 79 ans pour les hommes. Mais aujourd’hui
cette évolution stagne, certains signes d’une baisse de l’espérance de vie
apparaissent, et les réformes déjà votées font reculer plus vite l’âge de la
retraite que n’évolue l’espérance de vie. Le fait de décaler de 2 ans le
départ, c’est environ 10% de temps de retraite en moins. Et l’espérance de vie
moyenne masque de nombreuses inégalités selon les classes
sociales : c’est 88 ans pour un
cadre aujourd’hui âgé de 35 ans. C’est plus de 10 ans de plus que pour un
ouvrier du même âge !
Ces chiffres ne tiennent pas
compte de l’espérance de vie en bonne santé sans
limitation physique. Car selon le ministère de la santé, 23 % des Français et
35% des ouvriers souffrent d’une limitation physique lors de leur 1ère
année de retraite. Vous pouvez imaginer les années suivantes qui ne vont pas en
s’arrangeant…
Et la prise en compte de la pénibilité
et l’emploi des séniors dans tout ça ?
La
pénibilité :
En 2017, à la
demande de la confédération du patronat (le MEDEF), le gouvernement Macron
avait supprimé la plupart des critères de pénibilité qui donnaient droit aux
salariés concernés par des contraintes physiques importantes à un départ
anticipé à la retraite.
Or ce sont 10,7
millions de salariés qui sont concernés. Et les quelques critères qui restent
aujourd’hui en vigueur pour réduire le temps de travail sont non seulement
impossibles à remplir mais tout simplement délirants !
Par exemple les
gestes répétitifs sont reconnus pénibles s’ils sont réalisés au moins 15 fois
de façon identique et dans un cycle de 30 secondes ! Ou bien au moins 30
actions identiques en une minute. Allez donc revoir le film Les Temps Modernes
de Charlie Chaplin pour vous donner une idée…
Résultat :
en 2020 seules 3 086 personnes ont pu bénéficier du dispositif pour un
départ anticipé sur un total de 690 000 nouveaux retraités, soit 0,45%
(Source Dares). Génial !
Le taux
d’employabilité des séniors en France est l’un des plus faibles des pays
occidentaux : seulement 53,8% des personnes entre 55 et 64 ans sont en
emploi et le taux chute à 33,1% pour les 60-64 ans !
Pourquoi ? Parce que les séniors sont trop chers sur le marché de travail,
ils restent donc coincés à Pôle-Emploi après avoir été « remerciés ».
Parce que la pénibilité et la pression physique et mentale des conditions de
travail conduisent davantage à des arrêts-maladie au-delà de 55 ans. Parce que
les agents et salariés sont rincés par des méthodes de management souvent brutales
et des objectifs annuels irréalistes.
Mais plutôt que de lutter
contre cette énorme évasion fiscale, le gouvernement Macron préfère se
mobiliser pour passer en force une réforme des retraites injuste et
injustifiée !
Car il
s’agit bien d’une réforme strictement financière qui va se faire sur le dos des
salariés. Cette réforme va diminuer nos chances de profiter d’une retraite
alors que nous pourrions encore être en relative bonne santé.
Mais peut-être
que d’ici là et au nom de l’efficacité, nos futurs gouvernants auront imaginé un
nouveau dispositif de transfert en circuit-court de l’employeur vers les EHPAD (Orpéa
et Korian, vous connaissez…) ou directement vers les pompes funèbres…
·
ou vous ne faites rien, vous restez au chaud
devant votre série préférée et vous subissez cette réforme qui vous concernera tôt
ou tard,
·
ou bien vous décidez de vous mobiliser dans la
rue avec tous ceux qui refusent d’être dupés, pour faire barrage à cette
réforme injuste tout autant pour vous que pour vos enfants
Le
gouvernement mise sur votre résignation ?
Rejoignez-nous, montrez que vous êtes debout et vent debout contre cette réforme des retraites voulue par Macron !!!
Revendiquons
la retraite à 60 ans pour tous à taux plein avec 37,5 annuités de cotisation
et à 14h00 place de la Libération à Dijon
Les
militants FO
La r'traite avant l'arthrite !!!! Meilleurs vieux à tous !
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