La répression policière, la régression sociale, le droit de manifester, 3 bonnes raisons d'être dans la rue le 1 er mai 2021, plus que jamais nos droits et nos libertés sont remis en cause
TOUT ÇA C’ÉTAIT AVANT LA LOI SÉCURITÉ GLOBALE
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne
peuvent pas connaître, ...
Où l’on pouvait exprimer son désaccord avec le gouvernement,
où l’on pouvait manifester avec force et détermination, jusque parfois même, à
en arriver à la confrontation avec les forces de l’ordre ; les
manifestants poussaient les rangées de CRS, parfois la colère faisait que
quelques-uns lançaient des projectiles et tout ça sans conséquence.
Aujourd’hui tout a changé radicalement. Cela a commencé par
la criminalisation de l’action syndicale, puis il y a eu les manifestations
contre la loi Travail où les forces de l’ordre étaient très offensives avec les
nombreuses personnes venues manifester en province ou à Paris.
Avec le début de la macronie, tout s’est accéléré.
La répression a commencé à s’intensifier comme nous avions
pu le constater le 16 novembre 2018 lorsque Macron est venu à Besançon pour
inaugurer le musée des beaux arts récemment rénové. Ce jour-là, veille du
magnifique mouvement de révolte des Gilets-Jaunes, les forces de l’ordre
étaient partout. Un périmètre très large et totalement aseptisé avait été mis
en place pour empêcher tout éventuel contestataire de troubler le bon
déroulement de la visite du monarque Macron.
Une poignée de manifestants, dont je faisais partie, est
venue pour dénoncer la politique de casse social de ce gouvernement et pour
faire entendre les revendications légitimes des travailleurs. Porte-voix en
main, chasubles sur le dos, nous étions au contact du cordon de CRS venu
protéger sa majesté. Nous avons essayé de pousser pour percer ce mur de
boucliers et de casques, pour pouvoir faire entendre nos revendications. Mais à
ce moment-là, un policier camouflé sous une capuche, a commencé à m’étrangler
avec un tonfa *, jusqu’à me mettre à terre, malgré l’intervention des camarades
qui essayaient coûte que coûte de m’extirper de ce piège.
Après avoir repris mon souffle, j’ai
continué à scander des slogans en partant dans une autre direction avec mes camardes.
De nouveau, et très rapidement, nous nous sommes retrouvés bloquer par les
forces de l’ordre. À ce moment-là les manifestants scandaient
« laissez-nous passer» et c’est à ce moment-là qu’un gradé, responsable du
peloton de CRS m’a dit : « Derrière les boucliers, ce n’est plus la
démocratie ». Malheureusement nous avons constaté, à nos dépend, qu’il
disait vrai : gazages, matraquages pour disperser les quelques
manifestants qui osaient résister, résultat un doigt cassé.
C’est le
lendemain qu’on surgit les Gilets-Jaunes, sur les ronds-points, déstabilisant
l’ordre établi, faisant trembler les institutions, les centrales syndicales,
les partis politiques et le pouvoir.
Ce vrai rapport de force établi par le nombre et la
détermination des manifestants a fait réagir le pouvoir qui a été obligé de
montrer son véritable visage.
C’est à ce moment-là qu’une terrible répression s’est abattu
sur les participants du mouvement des Gilets-Jaunes.
Ces hommes, ces femmes qui, malgré le froid et les
intempéries, étaient jour et nuit sur les ronds-points, dans les rues pour
contester le pouvoir et pour revendiquer plus de justice sociale, ont été
réprimés avec une violence inédite par les forces de l’ordre armées de LBD
(lanceurs de balles de défense), gaz lacrymogènes, grenades de désencerclement,
etc, ...
Mains arrachées, œil crevés, crânes fracassés, ces
manifestants ont payé un lourd tribu pour avoir manifesté, sans compter le
nombre de gardes à vue abusives, de personnes incarcérées, de famille brisées.
Malgré cela la contestation n’a pas cessé, bien au contraire
elle a intensifié le mouvement contre la réforme des retraites.
Malheureusement, la répression subie par les Gilets-Jaunes a touché les
militants syndicalistes revendicatifs, les soignants, les pompiers et tous les
opposants.
Puis le coronavirus est arrivé. Le monde s’est arrêté. La
misère s’est amplifié. Mais le gouvernement n’a rien lâché et il en a profité
pour instaurer « l’état d’urgence sanitaire » : interdiction de
se déplacer, interdiction de se réunir, interdiction de manifester, couvre-feu,
…
Petit à petit la dictature sanitaire s’est mise en place,
nos libertés se sont amenuisé dans l’indifférence générale, ou presque.
Personne n’a vu le glissement du pouvoir vers un régime autoritaire, certains
remettent en cause le port du masque mais oublient l’essentiel : toutes
ces graves atteintes à nos libertés individuelles, collectives et à la remise
en cause du droit de manifester et de la liberté d’expression.
Aujourd’hui en France, manifester, revendiquer deviennent un
délit et j’en suis malheureusement un exemple bien vivant, à bientôt 50 ans je
n’avais jamais fait de garde à vue, je n’avais jamais eu de procès mais depuis
le 16 novembre 2018, j’ai subi :
7 gardes à vue, 1 perquisition avec saisie de mon ordinateur
personnel et de mon téléphone portable qui ne m’ont jamais été rendus, 4 procès
en correctionnel (le dernier aura lieu le 20 mai 2021). Pour l’instant ils sont
tous gagnés dont un en cours de cassation pour avoir scandé le slogan « CASTANER
ASSASSIN » , 12 amendes à 135 euros, 6 convocations au tribunal de police.
Matraqué, gazé, étranglé, tout ça pour avoir osé contester
la politique mortifère du gouvernement.
Malheureusement je ne suis pas le seul à subir cette folle
répression. Beaucoup de manifestants ont reçu ce genre d’amendes et de procès
qui ont pour conséquence de faire diminuer le nombre de manifestants dans les
rues.
Alors que la loi Sécurité Globale n’est toujours pas
appliquée, la répression s’est installée dans le pays. Manifester, même
pacifiquement, devient compliqué. Maintenant avec la généralisation de la
surveillance de masse, les forces de l’ordre n’ont même plus besoin de vous
contrôler pour vous amender. Ils vous connaissent, ils vous intimident, ils
vous chassent et parfois ils vous harcèlent. Certains usent et abusent de leurs
pouvoirs tout ça pour vous faire craquer et pour vous empêcher de manifester.
Encore dernièrement à Besançon le 27 mars 2021 plusieurs
camarades de luttes ont été « nassés » lors d’une action
revendicative de 30 personnes, certains comme moi on pu s’échapper de la nasse
sans être contrôlé pourtant, nous avons été nombreux à recevoir deux amendes à
135 euros, pour le même jour avec deux infractions différentes. En un mois j’ai
reçu 3 amendes avec des motifs différents pour me décourager de manifester.
La loi Sécurité Globale va donner au pouvoir en place tout
un arsenal de moyens répressifs (drones, caméras piétons, reconnaissance
faciale, fichage étendu etc.) pour combattre l’ennemi de l’intérieur. Cet
ennemi qui revendique, qui proteste, qui pourrait encore une fois déstabiliser
l’ordre établi et mettre à bas le capitalisme.
Cet ennemi c’est nous, le peuple.
En tant que militants syndicalistes, libres et indépendants,
nous devons réagir et arrêter de nous soumettre aux caprices du pouvoir qui
décide de comment nous devons exercer notre droit de manifester. Il ne faut
plus, comme dans d’autres pays, déclarer nos manifestations, manifester est un
droit fondamental, c’est une bouffée démocratique, nous n’avons pas à demander
au pouvoir l’autorisation de respirer.
* Le tonfa est une arme, soit en bois,
soit en polymère, selon qu'elle est respectivement utilisée en art martial, ou
par la police. Elle se compose d'une matraque, à laquelle une poignée latérale
perpendiculaire est présente, environ en son quart.
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